» L’Opérette est fille de l’opéra-comique, une fille qui a mal tourné; mais les filles qui tournent mal ne sont pas toujours sans agrément « .
Camille SAINT-SAENS.
PREFACE
Le présent » guide » est consacré aux » opérettes du répertoire courant « . Il est composé d’une ou plusieurs pages consacrées à de courtes biographies des compositeurs, puis de plusieurs pages des oeuvres analysées. Chacune des analyses a eu le caractère d’un récit d’action sans interruption par des indications d’airs et de chants. Les opérettes les plus jouées ont, bien entendu, été traitées plus longuement que les autres reprises moins souvent par nos directeurs de théâtres.
Malheureusement d’excellentes opérettes ne sont plus données sur nos scènes lyriques et certaines d’entre elles sont même tombées, malgré leurs réelles qualités, dans un oubli complet. Elles ne figurent donc pas dans le présent » guide « . Le choix des oeuvres, aurait été tout à fait impossible, sans le conseil de MM. Louis Beydts et Roger Lalande. D’autre part, il est donc de notre devoir de remercier sincèrement tous ceux qui nous ont aidé dans la tâche de rassemblement de la documentation, notamment MM. les compositeurs et directeurs de théâtres dont la longue et riche expérience a été une aide précieuse. Strasbourg, juin 1953. Louis OSTER.
INTRODUCTION
De tout temps le cothurne de l’art dramatique s’est heurté à la saine gaîté du peuple. Pour satisfaire le besoin de rire du grand public, les Grecs avaient déjà imaginé le mime satirique ; ils le mêlaient, aux tragédies sous forme d’intermède ou d’heureux dénouement. L’Opéra, conçu à son origine comme une renaissance du drame antique, connut au XVIIe siècle un procédé analogue. L’Opéra-seria italien était entrecoupé de petites scènes comiques, jouées pendant l’entracte devant le rideau.
Ces « intermezzi » aboutirent finalement à l’Opera-buffa où l’ingéniosité de l’esprit italien se traduisit pendant tout un siècle. Quand il arriva à son déclin, l’Opera-buffa italien fit place, en France, à l’Opéra-comique. La joie modérée, l’art de sourire, des pointes de fantaisie, la galanterie et son caractère toujours plaisant qui le caractérisaient, eu firent un genre essentiellement français.
L’opéra-comique évolua à son tour et donna naissance, en France, à l’Opérette dont la gaîté est bien franche sans aller toutefois jusqu’à la bouffonnerie ni sans jamais dépasser les limites du goût français. C’est au milieu du XIXe siècle que l’Opérette classique prit son véritable essor ; elle le dut à Jacques Offenbach qui devint le maître par excellence du genre grâce au choix des sujets, à sa musique légère et pétillante, riche en mélodies et rythmes. Avec une habilité particulière il savait utiliser à la fois l’air, le couplet, la chanson et la danse. Deux satires visant la société et la cour du second Empire, » Orphée aux enfers » et » La belle Hélène » sont restées célèbres.
D’autres mériteraient d’être entendues plus souvent, et on verrait avec plaisir les directeurs de théâtre puiser plus fréquemment qu’ils ne le font dans le répertoire d’Offenbach dont le nombre dépasse la centaine. Charles Lecocq continua l’œuvre d’Offenbach ; il l’égala même grâce à son talent et à son esprit. D’autres successeurs furent moins heureux. Avec Hervé, Audran, Varney, Planquette et Vasseur l’Opérette française perdit peu à peu son caractère parodique et se rapprocha de nouveau de l’Opéra-comique.
Après la première guerre mondiale, l’Opérette, déjà tombée en décadence, s’abaissait en France, sous l’influence du Jazz, jusqu’au niveau du dancing et du music-hall. Heureusement, cette période fut-elle de courte durée. Dirigé par son goût sûr, le peuple français s’orienta de nouveau vers des œuvres telles les opérettes d’André Messager et Reynaldo Hahn qui marquent un retour net à la tradition de l’Opérette classique.
L’Opérette allemande a une origine différente; elle est issue du Singspiel, à qui l’Opera-Buffa italien a dû céder sa place. Le sujet du Singspiel ridiculisait l’étiquette de l’aristocratie en l’opposant à la vie simple du peuple. La chanson populaire occupait une large place dans sa partie musicale. C’est pourquoi le Singspiel connut un grand succès en Allemagne. Les principaux auteurs furent au XVIIIe siècle Adam Hiller, au XIXe siècle Ditters von Dittersdorf, Lortzing et Suppé. Les Singspiele en un acte de Suppé, dont les ouvertures sont encore bien connues de nos jours, se jouaient beaucoup à Vienne, la ville de la valse, qui devint le berceau de l’Opérette allemande. Johann Strauss fils en donnait le type avec » La Chauve-Souris « , restée unique dans son genre. Ce n’est plus la satire offenbachienne, mais le sourire compréhensif en face des faiblesses humaines, dévoilées, avec la naturelle gaité viennoise. Au lieu de personnalités, ménagées sous un déguisement mythologique ou historique, telles qu’on les rencontre dans les œuvres d’Offenbach, » La Chauve-Souris » présente des hommes de la vie quotidienne en tenue de soirée de notre époque. Bercé par le rythme de la valse, la musique revêt un charme tout à fait particulier. Dans » Le Baron tzigane « , son deuxième grand succès, Strauss utilise avec beaucoup de bonheur, à coté de la valse, les rythmes pleins de verve de la musique hongroise.
Entièrement dominée par la danse, l’Opérette viennoise commence au début de notre siècle son chemin triomphal à travers le monde. Parmi les plus célèbres successeurs de Johann Strauss on trouve d’abord Léo Fall, dont » La Princesse Dollar « , satire aux fines pointes, s’approche sensiblement de l’Opérette française. Sou contemporain Franz Lehar remporte un premier succès avec » La Veuve Joyeuse « . L’Opérette viennoise a atteint son apogée. A partir de 1925 les » grandes opérettes » de Lehar vont envahir les théâtres. Par ses grandes dimensions, sa mise en scène spectaculaire, la richesse mélodique de ses airs, le coloris orchestral, ce genre est en quelque sorte le pendant du » grand opéra « , dont Lehar cherche à utiliser tous les moyens.
Mais quelle que soit la richesse de la forme, celle-ci ne peut compenser la pauvreté du fond et le manque total de l’esprit. Une sentimentalité exagérée supplante toute pointe satirique. C’est la décadence complète de l’Opérette allemande ; les successeurs de Lehar, et pas même Emmerich Kalman, n’ont pu la sauver. Elle aboutit finalement à l’Opérette-Revue.
Plus que jamais l’art qui fait rire et qui apporte l’agréable et réconfortante détente s’avère indispensable. Du point de vue artistique une opérette spirituelle et réussie peut être bien plus instructive qu’un opéra qui est resté figé dans son moule conventionnel. Il s’agit tout simplement de savoir faire le choix dans le répertoire inépuisable de l’Opérette.
RODOLPHE LESER
ABRAHAM Paul | – Victoria et son Hussard | . | . | |
AUDRAN Edmond | – La Mascotte – Gillette de Narbonne – Le grand Mogol – Miss Helyett – La Poupée |
MILLOECKER Carl | – Le Prince Vagabond | |
BASTIDE Paul | – Monsieur de Pourceaugnac. | MORETTI.Raoul | – Le Comte Obligado | |
BENATZKY Ralph | – L’Auberge du Cheval Blanc | OFFENBACH Jacques | – Le Mariage aux Lanternes. – Orphée aux Enfers. – M. Choufleuri restera chez lui – La Belle Hélène – La Vie Parisienne. – La Grande-Duchesse de Gérolstein. – La Périchole. – Les Brigands. – Madame Favart. – La Fille du Tambour-Major. |
|
BERLIN Irving | – Annie du Far-West | PETIT Pierre | – La Maréchale Sans-Gêne | |
HEYDTS Louis | – Moineau | PLANQUETTE Robert | – Les Cloches de Corneville. – Rip |
|
CHABRIER Emmanuel | – L’Étoile | POSFORD | – Balalaïka | |
CHRISTINE Henri | – Phi-Phi | ROGER Victor |
|
|
DUMAS Roger | – Ignace | ROMBERG Siegmund | – Le Chant du Désert – Nina Rosa |
|
FALL Léo | – Le Joyeux Paysan – Princesse Dollar. – La divorcée. – Madame de Pompadour |
SCHUBERT (Franz) -BERTE (Henri) | – Chanson d’Amour. | |
FRIML Rodolphe | – Rose-Marie. | SCOTTO Raymond | – Violettes Impériales. | |
GANNE Louis | – Les Saltimbanques – Hans, le Joueur de Flûte |
SIMONS Moïse |
|
|
GERSHWIN Georges | – Tip-Toes. | STRAUS (Oscar) |
|
|
GILBERT Jean | – La Chaste Suzanne | STRAUSS (Johann) fils. |
|
|
HAHN Reynaldo | – Ciboulette – Mozart |
STRAUSS (Johann) père et fils | – Valses de Vienne. | |
HERVÉ Florimond | – Le petit Faust – Mam’zelle Nitouche |
SULLIVAN Arthur | – Le Mikado | |
HIRCHMANN Henri | – La Petite Bohème | SUPPE Franz Von | – Boccace. | |
KALMAN Emmerich | – Princesse Czardas – La Comtesse Maritza – La Bayadère. – Princesse de Cirque |
SZULC Joseph | – Sidonie Panache. | |
LECOCQ Charles | – Les Cent Vierges – La Fille de madame Angot. – Giroflé-Girofla – La Petite Mariée – Le Petit Duc. – Le Jour et la Nuit. – Le Cœur et la Main |
TERRASSE Claude |
|
|
LEHAR Franz | – La Veuve Joyeuse. – Le Comte de Luxembourg – Amour tzigane – La Danse des Libellules. – Paganini – Le Tzarévitch – Frédérique – Le Pays du Sourire – Frasquita |
|
– Les Mousquetaires au Couvent | |
LOPEZ Francis | – La belle de Cadix. – Andalousie – Quatre jours à Paris. |
YOUMANS Vincent | – No, No, Nanette. | |
MESSAGER André | – Les P’tites Michu. – Véronique – L’Amour Masqué. – Monsieur Beaucaire – Passionnément – Coups de Roulis |
YVAIN Maurice | – Ta bouche – Là-Haut – La dame en Décolleté. – Gosse de Riche – Pas sur la Bouche. – Yes. – Au Soleil du Mexique – Chanson gitane |
Annie du Far-West – Berlin | Gillette de Narbonne – Edmond Audran | Périchole (La) – Offenbach. |
Amour Masqué (L’) – André Messager | Giroflé – Girofla – Charles Lecocq. | Petite Bohème (La) Hirchmann |
Amour Tzigane – Franz Lehar | Gosse de Riche – Maurice Yvain | Petit duc (Le) – Charles Lecocq |
Andalousie – Francis Lopez | Grand Mogol (Le) – Edmond Audran | Petit Faust (Le) – Hervé |
Auberge du Cheval Blanc (L’) – Benatzky | Grande-Duchesse de Gerolstein (La) – Offenbach | Petite mariée (La) – Charles Lecocq. |
Balalaïka – Posford | Hans, le Joueur de Flûte – Louis Ganne | Phi-Phi – Henri Christiné |
Baron tzigane (Le) – Strauss Johann fils | Ignace – Dumas | Poupée (La) – Edmond Audran |
Bayadère (La) – Emmerich Kalman | Joséphine vendue par ses Sœurs – Roger | Princesse Czardas – Emmerich Kalman |
Belle de Cadix (La) Francis Lopez | Jour et la Nuit (Le) – Charles Lecocq | Princesse de cirque – Emmerich Kalman |
Belle Hélène (La) – Jacques Offenbach | Joyeux Paysan (Le) – Fall | Princesse Dollar – Fall |
Boccace – Franz Von Suppé | Là-Haut – MauriceYvain | Prince vagabond (Le) Milloecker |
Brigands (Les) – Jacques Offenbach | Les 28 jours de Clairette – Roger | P’tites Michu (Les) – André Messager |
Cent Vierges (Les) – Charles Lecocq | Madame de Pompadour – Fall | Quatre jours à Paris – Francis Lopez |
Chanson d’Amour – Schubert-Berté | Madame Favart – Jacques Offenbach | Rêve de Valse – Straus Oscar |
Chanson Gitane – Maurice Yvain | Mam’zelle Nitouche – Hervé | Rip – Robert Planquette |
Chant du désert (Le) – Romberg | Maréchale Sans-Gêne (La) – Petit | Rose-Marie – Friml |
Chaste Suzanne (La) – Gilbert | Mariage aux Lanternes (Le) – Jacques Offenbach | Saltimbanques (Les) – Louis Ganne |
Chauve-Souris (La) – Strauss Johann fils | Mascotte (La) – Edmond Audran | Sidonie Panache – Szule. |
Ciboulette – Reynaldo Hahn | M. Choufleuri restera chez lui – Offenbach. | Sire de Vergy (le) – Claude Terrasse |
Cloches de Corneville (Les) Planquette | Mikado (Le) – Marc Sullivan | Soleil du Mexique (Au) – Maurice Yvain |
Cœur et la Main (Le) – Charles Lecocq | Miss Helyett – Edmond Audran | Ta Bouche – Maurice Yvain |
Comte de Luxembourg (Le) – Franz Lehar | Moineau – Heydts | Térésina (La) – Oscar Straus |
Comte Obligado – Moretti. | Monsieur Beaucaire – André Messager | Tip-Toes- Georges Gershwin |
Comtesse Maritza (La) – Emmerich Kalman | Monsieur de la Palisse – Claude Terrasse | Toi, c’est moi – Simons |
Coups de Roulis – André Messager. | Monsieur de Pourceaugnac – Bastide. | Trois Valses – Straus Oscar |
Dame en Décolleté (La) – Maurice Yvain | Mousquetaires au Couvent (Les) – Louis Varney. | Tzaréwitch (Le) – Franz Lehar |
Danse des Libellules (La) Franz Lehar | Mozart – Reynaldo Hahn | Valses de Vienne – Strauss Johann, père et fils |
Dernière Valse (La) – Straus Oscar | Nina Rosa – Romberg | Véronique – André Messager |
Divorcée (La) – Fall | No, No, Nanette – Youmans | Veuve Joyeuse (La) – Franz Lehar |
Étoile (L’) – Emmanuel Chabrier | Orphée aux enfers – Jacques Offenbach | Victoria et son Hussard – Abraham |
Fille de Madame Angot (La) – Lecocq | Paganini – Franz Lehar | Vie Parisienne (La) – Jacques Offenbach |
Fille du Tambour-Major (La) – Jacques Offenbach. | Passionnément – André Messager. | Violettes Impériales – Vincent Scotto |
Frasquita – Franz Lehar | Pas sur la Bouche – Maurice Yvain. | Yes – Maurice Yvain |
Fredérique – Franz Lehar | Pays du Sourire (Le) – Franz Lehar |